Lundi 29 septembre, je n'ai toujours pas contracté la grippe alphanumérique mais, étrangement, je me sens en surcis sanitaire précaire. Mes [affaires] grouillent de virus. Contaminés, les discours de mes voisins de classe, infectés les mots de mes amis, contagieux les propos de ma famille, fiévreux les yeux des politiques, maladifs les commentaires des journalistes. Bouillons de culture dans les valises diplomatiques, quarantaines aux frontières... Des cordons sanitaires se tissent, des inconnus avancent masqués, les canalisations s'engorgent des litres d'eau savonneuse déversés dans nos lavabos, les mains sont ivres de solution hydroalcoolique, les poubelles débordent de tonnes de mouchoirs en papier. La vaccination devient, par principe de précaution, obligatoirement facultative mais sera bientôt facultativement obligatoire. Baisers interdits, effleurements proscrits, transports collectifs déconseillés, amoureux contre-indiqués, toléré le clin d'oeil furtif derrière des verres fumés. Peut-on encore partager nos pensées ? Je me sens tout à coup harassé, fourbu, tendue, stressée, inquiète, angoissée. Je viens de tousser... Au secours, je suis foutue.



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Télérama, courrier, E. Deram